Les courses sous harnais : une activité pionnière – entrevue avec Peter McHarg

Lorsque j’ai demandé à Peter McHarg à quand remontait sa première visite au terrain de l’Exposition agricole d’Ayer’s Cliff, un sourire chaleureux a émergé sur son visage tout juste avant de répondre : «Oh, ça fait très longtemps. Je me souviens d’avoir dormi dans les étables pendant la foire quand j’étais jeune… Ces souvenirs datent de quand j’avais environ 6 ou 7 ans.» La vérité est que Peter, maintenant âgé de 76 ans, s’implique à la foire agricole depuis pratiquement toute sa vie. «Je ne connais pas le nombre exact d’années, j’ai arrêté de compter, ça fait trop longtemps!» ajoute M. McHarg en riant.

Peter est pratiquement une encyclopédie en ce qui concerne l’Exposition agricole d’Ayer’s Cliff. Si vous avez une question sur le terrain : Peter connaît très certainement la réponse. Aujourd’hui, c’est à titre de Directeur, poste qu’il occupe depuis plus de 40 ans maintenant, qu’il partage ses connaissances sur les courses sous harnais, l’une de ses plus grandes passions! 

Fait intéressant : les courses sous harnais sont l’une des activités les plus anciennes présentées à l’Exposition agricole d’Ayer’s Cliff. En effet, elles sont présentes depuis la première édition qui avait lieu en 1845 : «Je pense que quand ils ont commencé le Fair, il y avait des courses de chevaux ici puisque la piste existait déjà. Bien sûr, il y avait aussi d’autres animaux et d’autres petites activités. En 1845, le Fair était un moment où les agriculteurs se rencontraient et partageaient de l’information. C’est parti de là pour devenir le Fair que nous connaissons aujourd’hui, avec de la musique, des manèges et de nombreuses autres activités!» ajoute Peter.

Les chevaux des courses sous harnais sont des chevaux que l’on appelle standardbred. Ils courent sur une piste ovale comme celle que nous avons ici. Certaines des pistes sont d’un demi-mile, d’autres sont de 5/8 de mile ou d’un mile. Ici, au Fair, nous avons une piste d’un demi-mile. Une course sous harnais est d’un total d’un mile. Donc sur notre piste à Ayer’s Cliff, le conducteur et son cheval doivent faire deux tours pour terminer la course et compléter le mile requis.

M. McHarg est très fier de la piste que nous avons ici dans notre beau village : «Sur cette piste, nous utilisons de la poussière de pierre que l’on ajoute à du sable. Nous sommes très chanceux d’avoir des gens comme Brian Curtis et Fred Mosher qui travaillent sur la piste pour nous. Ils apportent tout leur matériel, ils la nivellent et ils s’assurent que la piste soit prête quelques jours avant le week-end du Fair. La piste ne peut pas être trop dure et elle ne peut pas être trop molle non plus. L’entretien de la piste est très important. On m’a dit que la piste ici est l’une des meilleures pistes pour le Circuit Régional, le présentateur des courses sous harnais. On a de quoi être fiers!»

M. McHarg mentionne également qu’il y a beaucoup plus de personnes qui sont impliquées dans les courses sous harnais qu’on ne le pense : « C’est une équipe : il y a un propriétaire, un entraîneur et un conducteur. Le conducteur arrive à l’événement et il conduit le ou les chevaux. Le propriétaire des chevaux paie les dépenses, et si le cheval gagne assez d’argent, il fait un profit. L’entraîneur fait une grande partie du travail : c’est lui qui se lève tous les matins, sort les chevaux, les nourrit, les met en piste, les entraîne et les maintient en excellente forme pour qu’ils soient prêts pour les courses. Il ne faut pas oublier que les chevaux sont des athlètes et qu’ils doivent s’entraîner pour participer à une course. C’est pratiquement la même chose que nous lorsqu’on pratique un sport dans lequel on doit performer, il y a beaucoup d’entraînement derrière leurs performances.» ajoute Peter.

Si vous avez déjà assisté à des courses sous harnais présentées par le Circuit Régional des Courses de Chevaux du Québec lors des samedis après-midi pendant le Fair, vous savez déjà que les estrades sont pleines à craquer! Les juges présents sont envoyés par une association, et ce sont aussi eux qui ont la meilleure vue du spectacle : «Le belvédère que vous voyez au-dessus de la scène principale est destiné aux juges. Il y a trois juges et ils regardent les courses de là-haut. Ils surveillent principalement les interférences qui peuvent survenir. Si quelqu’un fait une erreur : comme essayer de couper le chemin à un autre conducteur ou percuter quelqu’un par l’arrière, le conducteur fautif peut subir des répercussions. S’il s’agit d’une infraction grave, les juges mettront le conducteur et le cheval à l’arrière et le conducteur pourrait même être suspendu pour les courses à venir.» explique Peter.

Comme pour d’autres sports, les courses sous harnais nécessitent un équipement spécial et adapté, comme des lignes d’attelage, un harnais, un sulky (la voiturette de course), un casque, et beaucoup plus comme on peut le voir sur l’image ci-dessous.

À Ayer’s Cliff, on adore les traditions! Vous avez peut-être remarqué lors des courses présentées qu’une couverture différente est ajoutée sur chacun des chevaux gagnants après chaque course. Peter nous explique la signification derrière ces couvertures : «Avec mon comité, nous nous réunissons chaque année et décidons qui se verra parrainer les vainqueurs cette année. Habituellement, nous avons 10 courses, donc nous trouvons 10 sponsors qui font un don à l’Exposition agricole.» Chacun des parrains a donc une couverture avec son nom ou son logo dessus. Après la course, on ramène le cheval vainqueur devant la Grande Estrade, on met la couverture sur le cheval gagnant et on prend une photo avec le cheval et le sponsor. La plupart des couvertures sont destinées à des partenaires comme des entreprises de la région. Toutefois, le Fair compte aussi des familles qui ont été – et qui sont toujours – très importantes dans l’histoire de l’Exposition agricole et qui parrainent une couverture au nom d’un de leurs proches décédés. «J’ai commencé cette tradition il y a des décennies, et nous l’avons perpétuée depuis. Nous sommes l’un des rares endroits qui continue de le faire, c’est vraiment une belle tradition!» ajoute M. McHarg.

Pendant les courses, il est également possible de parier sur vos chevaux préférés : «Nous avons un stand de pari ici. Le pari minimum est de 2$. C’est un pool, donc il est réparti entre tous les gagnants.» Deux heures avant le début des courses, les pilotes et les chevaux sortent sur la piste. Pour Peter, c’est le moment idéal pour regarder les chevaux ainsi que les conducteurs et faire ses prédictions pour les courses de la journée.

Peter n’est pas seulement un fan de course, il en a également fait pendant de nombreuses années! «J’ai conduit mon premier cheval quand j’avais 6 ou 7 ans. J’ai 76 ans maintenant, je n’ai pas conduit depuis quelques années parce que je vieillis. Quand je courais, on courait partout au Québec et en Ontario.» Ayer’s Cliff est également très spécial pour Peter puisqu’il a même entraîné des chevaux sur la piste de l’Exposition agricole.

Au cours de notre conversation, Peter a partagé de nombreuses histoires, dont une particulièrement amusante qui ne s’est pas déroulée à Ayer’s Cliff, mais qui montre comment ce sport va bien au-delà des mots ou des langues : «Une fois, je suis arrivé aux courses et j’ai reçu un appel de mon conducteur disant qu’il ne pouvait pas se présenter aux courses. Je n’avais donc personne pour conduire mes chevaux. J’ai demandé au propriétaire du lieu de l’événement s’il connaissait un chauffeur qui pourrait les conduire. Il m’a dit oui, et il a pointé quelqu’un. J’ai regardé, et c’était un jeune homme de 18 ans qui venait tout juste d’avoir sa licence. Je suis allé vers lui et je lui ai demandé : Do you wanna drive my horses tonight? Il m’a regardé et m’a répondu : «Je ne parle pas anglais.» Alors je l’ai regardé et j’ai parlé très lentement en faisant des gestes : You. Drive. My horse? I have 2. Il a dit oui. Cette soirée-là, nous avons remporté l’une des courses! Il est devenu mon chauffeur et nous sommes devenus amis. Il vit maintenant à New York… il et parle mieux l’anglais.» ajoute Peter en riant.

J’aurais pu passer toute la journée à écouter les histoires de courses de chevaux de Peter – et croyez-moi, il y en avait beaucoup! Comme Peter est anglophone, je lui ai fait ce commentaire : «Vous savez Peter, moi, une francophone de 32 ans qui ne s’y connaissait pas vraiment en courses de chevaux, et vous, un homme de 76 ans qui pourrait parler de courses de chevaux pendant des heures et des heures, sommes restés ici à discuter de votre passion pendant près de deux heures. Honnêtement, j’attends avec impatience les courses sous harnais de cette année, je vais les regarder beaucoup plus attentivement qu’à l’habitude!» C’est alors que Peter, souriant, a ajouté les derniers mots de cette entrevue : «C’est exactement ça que j’aime à Ayer’s Cliff, nous vivons dans le meilleur endroit qui soit! Tu parles français, je parle anglais, je comprends un peu le français, tu comprends l’anglais… We make it work!» 

Ne me cherchez pas samedi le 27 août à 13h, je serai en train de regarder les courses sous harnais présentées par le Circuit Régional des Courses de Chevaux du Québec et commandité par Les Marchés Patry & fils avec Peter… et je parierai fort probablement sur les mêmes chevaux que lui!

Les billets pour la 175e édition de l’Exposition d’Ayer’s Cliff sont maintenant disponibles! Visitez le https://secure3.xpayrience.com/billets_exposition_ayers_cliff_fair_tickets pour vous procurer vos billets!

A lire également